• Vernissage : 9 novembre 2023 , 17.00 – 20.00
  
• Jean-Pierre Burgart

« On ne s’imagine pas qu’on reproduit la réalité, on ne croit même pas que cela ait un sens ; ce qu’on peint, c’est un rêve, le rêve que, à travers la peinture, on restitue ou capte la réalité insaisissable. Tel est le vrai « motif » de la peinture dite « figurative »« .

Lorsque la figuration de Burgart (né en rencontre ici l’abstraction de Claude de Soria (1926-2015), une réaction presque « chimique » se produit, et invite le visiteur à découvrir l’abstraction dans la figuration, et la figuration de l’abstraction. La juxtaposition des peintures de l’un et de l’oeuvre de l’autre crée un dialogue unique.

RESSEMBLANCE, PRÉSENCE, par J.P. Burgart

„Par une méprise comique dont on ne peut que s’émerveiller, les gens croient que leur parole a trait aux choses. Le propre de la parole, à savoir qu’elle n’a souci que d’elle-même, tous l’ignorent“.

Ce propos de Novalis (Monolog) peut être aisément transposé à la peinture dite „figurative“. On croit qu’elle a trait aux objets représentés, que ce soit La Raie, La montagne Sainte-Victoire ou Monsieur Bertin, alors qu’elle n’a d’autre souci que de montrer et d’approfondir ce qu’il en est de la figuration.

Non que le motif soit indifférent, bien au contraire, puisqu’il est le catalyseur qui suscite le désir du peintre et l’incite à produire une image ressemblante.

Ressemblante, c’est-à-dire qui ne se borne pas à reproduire en deux dimensions les contours et les couleurs de l’objet, ce qui ne serait jamais qu’une illustration et non de la peinture, mais qui l’égale en présence. Par là, le peintre espère toucher au mystère de la figurativité du monde, je veux dire à l’essence de l’image et de la représentation.

Mais sans cesse le motif s’éloigne et se défait, à mesure que le peintre tente de le saisir et de mieux le cerner. Le motif véritable du tableau, ce n’est donc pas cet objet concret qu’il a sous les yeux ; c’est le retrait même où cet objet disparaît. Alors le peintre oublie jusqu’au nom de l’objet perdu auquel il tente de rendre une existence, pour ne plus être lui-même que peinture.